La Chine dénonce des « méthodes de voyou »


Pékin ne cache pas sa colère. Après un vote au Congrès américain qui renforce la menace d’interdiction de l’application chinoise TikTok aux Etats-Unis au nom de la sécurité nationale, la Chine a dénoncé jeudi 14 mars des « méthodes de voyou ».

« Si un soi-disant prétexte de sécurité nationale peut être utilisé pour écarter arbitrairement des entreprises performantes d’autres pays, alors il n’y a plus d’équité ni de justice », a fustigé face à la presse Wang Wenbin, un porte-parole du ministère des affaires étrangères. « Quand quelqu’un voit une bonne chose d’une autre personne et veut la lui prendre, ce sont assurément des méthodes de voyou », a-t-il ajouté.

La proposition de loi adoptée mercredi par la Chambre des représentants donne six mois au réseau pour couper tout lien avec la Chine, et exproprier ByteDance, qui détient l’application, faute de quoi elle serait exclue des boutiques d’applications d’Apple et de Google aux Etats-Unis. C’est un développement majeur pour l’application, même si l’issue du vote à venir au Sénat reste incertaine, car des personnalités de premier plan s’opposent à cette mesure.

« Le texte voté à la Chambre des représentants américaine va à l’encontre du principe de concurrence loyale et des règles internationales en matière d’économie et de commerce », a estimé Wang Wenbin. « Les Etats-Unis doivent (…) cesser les pressions destinées à écarter injustement des entreprises étrangères » de leur marché, a par ailleurs déclaré un porte-parole du ministère du commerce chinois, en affirmant que la Chine « prendra toutes les mesures nécessaires » pour défendre ses entreprises. Il n’a pas dit en quoi pourraient consister ces mesures.

« Faites-vous entendre »

Peu avant la réaction officielle chinoise, le PDG de TikTok, Shou Zi Chew, avait appelé ses 170 millions d’utilisateurs aux Etats-Unis à réagir. « Faites-vous entendre », a-t-il lancé sur TikTok et sur le réseau social X après le vote, à moins de huit mois de l’élection présidentielle de novembre. « Nous ne cesserons pas de vous défendre et nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir, y compris en exerçant nos droits légaux, pour protéger cette formidable plate-forme que nous avons construite avec vous », a-t-il ajouté.

Le dirigeant a estimé que la loi mettait en danger « 300 000 emplois » aux Etats-Unis, en menaçant notamment de priver des « petites entreprises qui dépendent de TikTok » de « milliards de dollars » de revenus.

TikTok est depuis plusieurs mois dans le collimateur des autorités américaines, de nombreux responsables estimant que l’application de vidéos courtes permet à Pékin d’espionner et de manipuler les citoyens américains. Le groupe chinois conteste farouchement ces allégations, nie avoir transmis des informations aux autorités chinoises et assure qu’il refuserait toute requête éventuelle en ce sens.

Le texte de loi, adopté à une large majorité, par 352 voix contre 65, « n’interdit pas TikTok », a fait valoir le chef de file des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries. « Il vise à répondre à des questions légitimes de sécurité nationale et de protection des données liées aux rapports du Parti communiste chinois avec un réseau social », a-t-il expliqué.

Le Monde

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« Ce processus a été mené en secret, et le texte présenté en urgence, pour une raison : il s’agit d’une interdiction », a réagi un porte-parole de TikTok auprès de l’Agence France-Presse.

Le Monde avec AFP

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